Chronique: Un sourire qui ne dit plus rien
Le mot de la fin
Angélique Eggenschwiler
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Tous deux sont montés dans le train à Yverdon. Pas vieux, une septantaine d’années peut-être. Elle parle beaucoup; une voix joviale, un peu maternelle, un peu maîtresse d’école. Lui ne dit rien. Il sourit. Les yeux joyeux, un peu humides comme le sont parfois les yeux de ceux qui sourient avec. Et c’est en souriant toujours qu’il l’interrompt: «Mais en fait, on va à Neuchâtel?»
Oui, ils vont à Neuchâtel, puis à Cernier, explique-t-elle. «Tu sais le bus qui s’arrête au bois, après on n’a plus qu’à traverser la route.» On voit qu’ils n’ont pas l’habitude de prendre le train. A son excitation à elle au moment d’embarquer, entre nervosité et concentration. Elle porte un sac à dos, comme les enfants en course d’école, lui a les mains libres. Trop tête e