Vénus Khoury-Ghata »   Pour maison, un cube de boue séchée. Pour jeu, un figuier où chacun squatte sa branche préférée. Pour instituteur, un cheikh dont les mots mensongers «se posent dans les oreilles les moins sales», et pour mère, une femme aux cheveux rougis par l’argile, dont le «ventre ne fut qu’un lieu de passage». Aussi, quand cette dernière s’enfuit de la palmeraie pour rejoindre en Espagne le photographe blanc qui ferait d’elle un top model, les jumeaux Zeit et Zina décident-ils d’aller la rechercher en Europe avec leur père. Commence alors un voyage initiatique dont chaque nouvelle étape apporte à cette famille disloquée et inadaptée au monde occidental un ébahissement, un choc ou une gifle.

S’il est des exils heureux, beaucoup d’autres sont des tombeaux, souligne l’auteure libanaise Vénus Khoury-Ghata en évoquant le thème central de son dernier récit, L’adieu à la femme rouge. Dans ce petit conte cruel qui doit quelque chose au Candide de Voltaire, on sent toute l’