Commençons par lire ce texte…
Yves Piller, chef de choeur, Rueyres-Saint-Laurent
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Chef de chœur engagé dans la liturgie catholique, je réagis aux réactions suscitées par le concert comprenant l’œuvre L’homme armé de Karl Jenkins, cette ode à la paix. Pratiquant volontiers la devise de Montaigne («Que sais-je?»), j’ai lu le texte incriminé, afin d’en connaître le contenu.
J’ai d’ailleurs regretté que les articles parus n’incitent pas les lecteurs à en faire de même. C’est un message très fort! Mais si on lit le Credo (Credo in unum Deum, je crois en un seul Dieu) de façon étroite, on se fige dans la même logique excluante! On me rétorquera que l’on n’est pas près de réciter le Credo dans une mosquée! Je rappelle aussi que le 5 mars 2022 a été célébrée en la cathédrale de Genève la «première messe depuis l’adoption de la Réforme (ce qui) est un événement historique. Mais elle est surtout un signe fort de la bonne entente et des multiples collaborations» (Pascal Desthieux, vicaire épiscopal, Genève).
Même en Suisse, il a fallu plus de cinq siècles pour que catholiques et protestants se rapprochent! Je ne suis pas naïf face à l’intégrisme… quel qu’il soit. Il m’inquiète. Mais je partage complètement la conclusion de Boris Cyrulnik (Quarante voleurs en carence affective): «Puisque l’accès à la transcendance est une composante essentielle de la condition humaine, puisque la religion apporte le bénéfice de l’appartenance, de la solidarité et de la culture, il n’est pas difficile d’éviter la dérive clanique, il suffit que chacun conserve sa manière d’accéder à Dieu et s’intéresse au chemin que d’autres ont trouvé pour le côtoyer.»