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Cinq astuces pour percer sa bulle de filtres

L'article en ligne - Informations - Cinq astuces pour sortir de cette prison dorée gardée par des algorithmes, devenue trop monotone dans l’immensité bigarrée d’internet.

En 2011, Eli Pariser est le premier à parler de bulle de filtres, un concept aujourd’hui largement thématisé. © Knight Foundation CC BY-SA 2.0
En 2011, Eli Pariser est le premier à parler de bulle de filtres, un concept aujourd’hui largement thématisé. © Knight Foundation CC BY-SA 2.0

Pierre GUMY

Publié le 07.08.2017

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Iinternet est bien trop vaste pour y naviguer sans guide. Les filtres proposés par les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux permettent, en plus de se faire un maximum d’argent avec la publicité ciblée, de garder le cap et de pointer les contenus les plus pertinents dans la masse numérique à laquelle l’internaute fait face. Toujours plus performants et recoupant toujours plus d’informations, ces algorithmes finissent par confiner l’utilisatrice ou l’utilisateur dans une bulle bienveillante de contenu calibré selon ses précédentes recherches, ses « like » Facebook ou les hashtags tweetés à la pelle. Eli Pariser a théorisé le fonctionnement et les risques qui en découlent dans un livre paru en 2011 sous le nom de « Filter Bubble ». Une fois dans cette bulle, Internet peut rapidement perdre de son envergure et son fil d’actualité se transformer en une rengaine interminable qu’on a pris la peine de tester pour vous cette semaine. Une expérience qui nous permet de proposer ici cinq astuces pour détourner les algorithmes et sortir prendre l’air dans un web libéré, délivré.

Première étape : savoir comment ces algorithmes fonctionnent. Pas d’inquiétude, il ne sert à rien ici d’exposer de longues théories mathématiques. Mais il faut tout de même être averti que, comme l’explique le journal anglais The Guardian, la plupart des comptes que vous ouvrez, comme chez les quatre géants du web, Facebook, Google, Amazone et Apple, tracent vos historiques et collectent vos préférences. Votre bulle de filtres prendra donc différentes formes selon votre manière d’utiliser internet et ses plateformes. Et, comme le souligne cet article de Inglobal.fr, en 2011 déjà, les façons de consommer le web dépendent de notre culture : les Brésiliens auraient plus d’amis numériques que les Français et les Italiens passeraient trois heures de plus que les Allemands sur les réseaux sociaux. Mais la plupart des algorithmes ne parviennent pas à prendre en compte ces différences culturelles. Si l’internaute ne navigue pas comme le prévoient les robots des grandes plateformes, alors sa bulle de filtres s’exprimera d’autant plus fortement. 

De là découle un second conseil : utiliser les réseaux sociaux qui vous conviennent. Par exemple, Facebook est fait pour les gens souhaitant se dévoiler : pour que les filtres ne fassent pas bulle, il faut impérativement liker, commenter et publier. Sinon, notre profil devient un bouclier imperméable à toute nouveauté. Dans ce cas, même si l’utilisateur cherche un contact social sur le réseau, c’est peine perdue, sa bulle de filtres le fera rebondir sur tout un paquet de nouvelles amitiés numériques que les algorithmes ne permettront jamais de réaliser.

Une fois qu’on a saisi dans les grandes lignes comment nos réseaux calculent nos préférences, il faut aussi faire l’effort de brouiller les pistes. Si on ne like que ce qu’on aime, qu’on ne commente que ce qui nous intéresse, c’est la bulle assurée ! La troisième astuce réside donc dans l’exercice du surf à contre-courant. Au final, c’est comme dans la « vraie » vie : si on se contente de sa routine, tout le monde pensera pouvoir faire le tour de votre personnalité en un clin d’œil. Si on ajoute à tout cela quelques moments de folie, quelques expériences incongrues ou simplement inhabituelles, alors, soudain, on devient un être complexe et intrigant, une personnalité haute en couleur et aux goûts variés. Cliquer au hasard sur votre fil d’actualité ou taper une recherche décalée sur Google fait le même effet sur les algorithmes que la crise de la quarantaine de votre oncle sur sa belle-famille. Après cela, plus rien ne sera comme avant.

Enfin presque. Vous pensez bien qu’il faut plus qu’un brin de folie dans votre espace web pour faire perdre la tête aux robots qui vous traquent depuis votre première connexion. En plus de changer vos habitudes numériques, veillez donc à ne pas laisser trop de traces dans votre historique. Pour ce faire, effacez votre historique régulièrement et ne restez pas connecté inutilement à vos comptes Google ou Amazone par exemple. Tant qu’ils sont actifs, ils collectionnent vos données. Vous pouvez aussi vous munir d’un des nombreux bloqueurs de publicité qui vous aideront à ne pas sombrer dans votre bulle en cliquant et recliquant sur les mêmes annonces. Mais attention, certains de ces logiciels, comme AdBlock, ont eux-mêmes été rachetés par de grandes firmes publicitaires et sont perméables désormais à leur marque. Ils sont forts. D’autres logiciels, comme ublock, qui ne ralentissent que peu votre navigation et évitent, de plus, que l’on puisse vous suivre à la trace. Pour éviter de nourrir les algorithmes à tout va, Gosthery est une autre alternative. Comme son nom l’indique, vous passerez carrément inaperçu des « mouchards » que comptent nombre de sites.

Dernier conseil : restez toujours un utilisateur actif et curieux. Sur des plateformes comme YouTube, il est devenu facile de naviguer de vidéo en vidéo selon des propositions automatiques. Votre ordinateur se transforme alors en une seconde télévision et la passivité vous guette. Pour éviter la bulle, ne vous contentez donc pas de ce que l’on vous propose. Allez chercher vous-même l’information et le contenu !

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