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Dis-moi tout: Le harcèlement est présent dans nos rues

Trois jeunes Fribourgeois témoignent des moments où ils ont été victimes de harcèlement de rue.

Dis-moi tout: Le harcèlement est présent dans nos rues
Dis-moi tout: Le harcèlement est présent dans nos rues

Laura Patricia Bischoff

Publié le 21.04.2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Léo Baileys (nom d’emprunt), 18 ans, étudiant

«Lors d’une soirée cinéma avec une amie, j’ai décidé de l’accompagner à l’arrêt de bus car il était tard. Cependant, cette soirée agréable s’est rapidement transformée en une expérience désagréable. Alors que nous attendions à l’arrêt de bus, un groupe d’hommes s’est approché. Leur regard ne laissait aucun doute sur leurs intentions. L’un d’eux m’a interpellé en allemand, me demandant de manière agressive: «Du bist gay?» (Es-tu gay?) Dans un mélange de peur et de confusion, j’ai choisi de continuer à marcher et d’ignorer ce commentaire. Voyant que je ne réagissais pas, l’un d’eux a lancé une canette dans ma direction, qui heureusement ne m’a pas heurté. Cet événement m’a beaucoup choqué sur le moment. Aujourd’hui, si une situation similaire devait se reproduire, je serais prêt à affronter ces comportements homophobes et à défendre qui je suis.»

July Muller (nom d’emprunt), 28 ans, coiffeuse

«Un vendredi soir, après avoir fini une longue journée de travail, j’attendais mon bus à Marly. Un groupe d’hommes qui était aussi là m’a regardée de manière insistante. Quelques minutes sont passées et l’un d’entre eux m’a interpellée en me demandant: «Tu as du cannabis?» pour créer un contact avec moi. J’ai pris le temps de répondre que je ne fumais pas. Des bus passaient sauf le mien et le carnage a commencé. L’homme a recommencé en disant: «Les Africaines sont bonnes», en faisant référence à ma peau noire. J’ai été très blessée. Il a récidivé avec des commentaires identiques. Pour me défendre j’ai dit haut et fort: «Si vous continuez, j’appellerai la police.» Un long silence a suivi et j’ai répété ça plusieurs fois. J’ai réussi à leur faire peur. Au même moment, ils m’ont laissée tranquille. Mon bus est enfin arrivé et je suis rentrée chez moi.»

Guiliana Torez (nom d’emprunt), 27 ans, étudiante dans le social

«Un jour, en allant sur mon lieu de travail, un homme m’a interpellée en me disant qu’il était intéressé par moi. Malgré mes refus répétés, il ne comprenait pas, il insistait toujours plus. Je l’ai regardé de manière froide et j’ai dû interrompre la discussion en lui expliquant que j’étais pressée, car je devais me rendre au travail, parce que je ne voulais pas arriver en retard. L’homme en question a commencé à me suivre. J’ai commencé à avoir peur et, dans l’espoir qu’il me laisse tranquille, je lui ai donné mon numéro, sur sa demande pressante. Il m’a remerciée et s’est permis de me caresser la joue. Sur le moment, j’ai été profondément troublée par un tel comportement. Limite dégoûtée. Je suis donc restée paralysée face à ce moment qui semblait interminable. Aujourd’hui, il m’est déjà arrivé de le recroiser et je crains que son comportement passé ne se reproduise.»

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