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Un algorithme me condamne à vénérer Mélenchon

Internet a décidé que je serai partisan de Mélenchon. © Pierre Gumy
Internet a décidé que je serai partisan de Mélenchon. © Pierre Gumy
Publié le 08.08.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

J’ai testé pour vous »   Pendant les présidentielles françaises, j’ai mangé du Mélenchon pendant deux mois. Aujourd’hui, il ne me quitte plus sur internet. La faute à ma bulle de filtres, soit la personnalisation des informations que je reçois sur le web, à cause d’un algorithme.

Mélenchon, faute d’avoir été élu président, aura réussi à conquérir internet lors de sa dernière campagne. Il est désormais partout: YouTube, Facebook ou Twitter. J’en ai profité pour consommer à outrance le contenu numérique de La France insoumise ces derniers mois. Rediffusions des débats télévisés, tweets et retweets de ses punchlines et autres remix électro de ses discours ont rythmé mon quotidien jusqu’au scrutin. Une fois les résultats connus, mon intérêt pour la politique française a mystérieusement disparu. Par contre, Mélenchon hante encore et toujours mon fil d’actualité. Comment est-ce possible?

«C’est normal, c’est ta bulle de filtres!» Oui, évidemment. Mes différents profils, que ce soit celui de Facebook ou de Google, ont enregistré chacune de mes recherches. Je suis le candidat idéal pour vérifier l’efficacité d’une bonne grosse bulle bien étanche: je n’efface jamais mon historique de navigation et laisse mes différents comptes toujours actifs. Autant dire que les Big Four d’internet, Google, Amazon, Facebook et Apple, savent tout de moi. Parce que je suis jugé «gaucho» par les nombreux et complexes algorithmes des moteurs de recherche, le Web dans son immensité se ligue contre moi pour me proposer un contenu censé me plaire.

Ici, ma bulle de filtres devient réellement tangible. Par exemple, en tapant «Front national» sur YouTube, c’est la radio France Inter qui s’impose: une façon bien à gauche de m’informer sur l’extrême droite. Je suis condamné à consommer du contenu calibré et présélectionné. En résumé, plus je surfe, plus le Web me stigmatise. Sur Facebook, mon mur ressasse les mêmes vidéos et rumine les mêmes gifs en boucle. Même Spotify finit par me servir les mêmes rengaines et Deezer décide de valoriser la monoculture musicale. Pour rendre la jungle du Web praticable, on en a détruit la biodiversité. Heureusement, il est plus facile de sortir de cette bulle que de la forêt amazonienne, pour redécouvrir le Web comme à ses premiers jours.  Pierre Gumy

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