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Quand Netflix vous abandonne

L'article en ligne - Divertissement • Netflix, c’était mieux avant, quand les catalogues d’autres pays étaient disponibles. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à attendre, en maudissant la «chronologie des médias». Explications.

Trahi par votre plus fidèle allié des longues soirées d’hiver, vous voilà réduit à essayer de nouveaux passe-temps, comme la lecture. © Aurélie Bavaud
Trahi par votre plus fidèle allié des longues soirées d’hiver, vous voilà réduit à essayer de nouveaux passe-temps, comme la lecture. © Aurélie Bavaud

Aurélie Bavaud

Publié le 16.05.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Vous étiez dans les starting blocks en 2014, quand l’arrivée de Netflix a été annoncée, prêt à dégainer votre carte de crédit. Mais l’avide fan de cinéma et de séries tv que vous êtes a assez vite déchanté. Entre ce que vous aviez déjà vu et ce que vous aviez jusqu’alors évité avec succès, vous vous êtes retrouvé à court de divertissements. Vous en étiez même réduit à considérer le visionnage d’une énième adaptation de Nicholas Sparks (et pas «The Notebook», non, celui que même les fans trouvent plutôt moyen). Vous aviez même écoulé les cinquante documentaires sur la Seconde Guerre mondiale, alors que vous n’aimez pas l’Histoire.

Le miracle du VPN

Jusqu’au jour béni où vous avez découvert le VPN, cette solution pas tout à fait illégale mais pas entièrement honnête non plus. Ce petit outil, qui vous permet de leurrer le site et de lui faire croire que vous vous trouvez ailleurs, vous en aviez vaguement entendu parler, lorsque vous deviez chercher sur Jstor cet article que vous étiez censé avoir lu il y a trois semestres de ça. Là, enfin, vous avez découvert la myriade de possibilités qui s’offraient à vous : Netflix UK, Netflix Allemagne, pour les plus téméraires, et surtout, surtout, Netflix US. « Friday Night Lights», «Gilmore Girls», «The Office», toutes ces séries que vous vous étiez promis de voir vous étaient enfin accessibles ! Naturellement, ça vous a forcé à retravailler votre anglais, mais ça vous donnait une bonne excuse quand vos parents vous reprochaient de passer trop de temps «devant vos DVDs».

Jusqu’au jour fatidique du 1er mars 2016. Les rumeurs couraient déjà, en Australie, au Canada, mais vous les aviez ignorées : Netflix avait bloqué les VPN. Et vous voilà désormais avec tellement de temps libre que vous avez ouvert un livre pour la première fois depuis deux ans, et êtes même allé rendre visite à votre grand-mère. Deux fois. Heureusement, depuis avril, une lueur d’espoir : Netflix US était à nouveau accessible et votre famille a poussé un long soupir de soulagement, lorsqu’elle vous a vu, un matin, sortir, l’œil hagard, d’une longue nuit de  «binge-watching». Un peu de répit, avant de vous attaquer au véritable problème : la chronologie des médias.

Le nœud du problème

La chronologie des médias, c’est ce principe développé à une époque où la télévision se regardait encore en direct, quelque part à la fin des années 80, pour protéger les salles de cinéma de la concurrence de la télévision. Elle règle l’ordre de diffusion entre salles, sites dits de SVOD (ou « de Vidéo à la Demande », dont Netflix fait partie) et chaînes de télévision.

Naturellement, une sortie ciné entre potes a autant d’attraits, quoique bien différents, qu’une soirée Netflix en pyjama. Mais rien ne justifie les trois ans de délai que les lois françaises (qui ont une influence directe en Suisse, rentabilité oblige), protectionnistes à l’extrême, imposent aux sites. De quoi nourrir votre nouvelle passion pour les classiques muets…

On en arrive à des résultats absurdes, comme l’exemple bien connu de «House of Cards», qui était indisponible jusqu’à récemment, alors qu’il s’agissait d’une production Netflix. On ne parlera même pas des larmes de votre Maman quand vous lui expliquez que non, «impossible de regarder la suite de «Call The Midwife»», alors que la série vient de terminer sa saison 5 outre-manche.

Pas étonnant, donc, que beaucoup succombent à l’inavouable : le piratage (qui a ses attraits économiques, on le reconnaitra). Même si une étude française de 2013 concluait qu’un tiers des pirates ne se résolvaient à cette option que quand une solution légale était indisponible. Mais surtout, les titres sont disponibles si rapidement que vous pouvez voir certains films avant même qu’ils soient sortis dans un cinéma européen.

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